dimanche 25 octobre 2009

Les migrants participent à la réduction de la pauvreté dans leurs pays d'origine

Selon une étude menée par le FIDA, les transferts d'argent des travailleurs migrants vers leurs pays d'origine - 300 milliards de $EU en 2006 - équivalent à trois fois le montant net de l’aide publique accordée aux pays en développement - 100 milliards de $EU.

Pour l'Afrique, les transferts - 40 milliards de $EU - dépassent toujours de loin l'aide publique - 26 milliards de $EU, données de 2008.

En Ouganda et au Ghana, les envois de fonds ont réduit de 11% et de 5% respectivement la proportion de population pauvre.

Fonds fiduciaire sur les transferts de fonds des migrants

Le président du Groupe de la Banque africaine de développement (BAD), Donald Kaberuka, a procédé, le 23 octobre à Paris, aux côtés du ministre français de l’Immigration, de l’intégration, de l’identité nationale et du développement solidaire, Eric Besson, ainsi que du représentant du Fonds international pour le développement de l’agriculture (FIDA), à la signature de l’accord portant création du Fonds fiduciaire sur les transferts de fonds des migrants. Lire le communique de presse en français ou en anglais.

mardi 6 octobre 2009

PNUD : « Les migrants contribuent grandement à l'activité d'un pays »

Le rapport 2009 du PNUD est consacré à l’étude des migrations et du développement humain© DR

Le rapport 2009 du Programme des Nations unies pour le Développement (PNUD) est consacré à l’étude des migrations et à leur impact sur le développement humain. A l’occasion de sa publication le 5 octobre, Papa Seck, analyste politique qui a contribué aux recherches et à la rédaction du rapport, nous livre son expertise sur les tendances des phénomènes de migration, notamment en ce qui concerne l’Afrique.

Jeune Afrique : Pourquoi avoir choisi la thématique de l’émigration et de l’immigration ?

Papa Seck : Il s’agit d’un phénomène important sur le plan mondial ; il est notamment particulièrement d’actualité en Afrique. C’est une première pour le PNUD, qui n’avait encore jamais abordé ces questions en profondeur, de choisir de les analyser. Le rapport présente un bref historique des phénomènes migratoires depuis 1900, puis se concentre ensuite sur la période de 1960 à nos jours, avant de présenter quelques considérations sur leur évolution future.

Après un an d’enquête, quelles grandes lignes dégage votre constat ?

En premier lieu, nous constatons que l’immigration interne domine, tous pays et toutes régions confondues, puisqu’un milliard de personnes émigrent, dont les trois quarts en interne. Pour l’Afrique, nous remarquons que les migrants restent dans le continent, et se rendent seulement dans un pays autre. Plus précisément, c’est la migration inter-régionale qui prévaut. Par exemple, les flux migratoires en direction de l’Afrique du Sud proviennent essentiellement du Malawi et du Zimbabwe voisins. Et, de manière inversement proportionnelle à la médiatisation qui en est faite, seulement 1% des Africains vivent en Europe.

Quelles sont les principales raisons qui poussent les populations à quitter leur pays ?

Elles peuvent se résumer tout simplement par la recherche d’une vie meilleure. En Afrique, cela se traduit par exemple par la fuite devant les conflits armés, mais aussi face à la détérioration du climat et notamment la désertification. Les départs sont poussés par la recherche d’opportunités meilleures. En fait, le déclencheur de l’émigration n’est autre que la mauvaise répartition de ces opportunités à la surface du globe. Par exemple, au Ghana, un infirmier gagnera en une année l’équivalent de 2 500 dollars américains. Alors qu’au Royaume-Uni il sera payé 30 000 dollars ! De même, un infirmier pourra tripler son salaire en quittant le Malawi pour l’Afrique du Sud…

Le PNUD estime que les migrations présentent des aspects positifs pour le pays d’origine comme pour celui de destination. Pouvez-vous développer cette idée ?

Contrairement à ce qui est admis, les migrants contribuent grandement à l’activité d’un pays et n’encombrent pas le marché du travail. L’enquête a révélé une amélioration du taux d’investissement des entreprises en corrélation avec l’immigration. D’autre part, les migrants les moins qualifiés, qui ont un faible impact sur les finances publiques, occupent des postes différents de ceux des locaux. C’est le cas par exemple dans la migration saisonnière, à l’occasion de la cueillette du raisin en Californie. Ces migrants ont un apport positif, puisqu’ils font un travail que les Californiens n’auraient pas fait. Par ailleurs, un autre gain pour les pays de destination réside dans l’échange culturel indéniable.

Quelles sont les recommandations du PNUD pour améliorer l’équation « migration-développement humain » ?

La migration améliore la vie de millions de personnes à travers le monde. Mais elle est complexe, et dépend de beaucoup de facteurs qui en affectent le résultat. La liberté des migrants est souvent très limitée. Nous proposons des axes de réforme afin que les pays de départ comme ceux d’arrivée bénéficient pleinement des retombées de la migration.
- Ouvrir davantage et mieux les canaux d’entrée existants, surtout en ce qui concerne les populations les moins qualifiées
- Mettre en place des politiques qui respectent les droits fondamentaux des migrants, et pour cela appliquer les six traités internationaux sur les droits humains, qui sont pourtant ratifiés par 133 pays
- Réduire les coûts de transaction, en simplifiant l’accès aux documents officiels (les visas, passeports, livrets de familles et actes de naissance) et l’accès aux informations
- La migration joue un rôle important dans le développement, mais ne doit pas constituer en soi une politique de développement ou compenser les retards de développement d’un pays.
Plus largement, un des piliers de ces réformes consiste à encourager la régularisation des situations de certains migrants, installés depuis longtemps dans un pays et qui en respectent les lois et le fonctionnement. Et bien sûr, il faut garder à l’esprit que la migration irrégulière suscite les débats, mais ne constitue qu’une infime partie des déplacements.

Source : 05/10/2009 12:31:22 La rédaction web de Jeune Afrique Par : Lauranne Provenzano